Mon blog c'est quoi finalement... mes réussites parfois, mes rencontres aussi, desquelles naissent de beaux tandems et des projets pleins d'espoir souvent relégués au fond de l'ordinateur. Ce sont des mots qui se posent comme des esquisses, des désirs d'aller plus loin. Des croquis écrits, des essais qui osent ou qui s'oublient...
Ce devrait peut-être plus souvent être le reflet de ce qui se cache dans mes "documents", mais ce courage-là, montrer son travail pas abouti ou en quête d'approbation, n'est pas toujours évident. Mais ce soir une envie, comme parfois je l'ai déjà eue, de vous montrer un petit bout d'un roman achevé et qui dormira tant qu'il n'aura pas trouvé sa maison charmante... Une atmosphère magique, une aventure bizarre, un plaisir à écrire... Un petit extrait pour vous, zieuteurs et passeurs de tous poils, au moins ici il gardera un œil ouvert ! C'est déjà ça ! Merci d'être là !
- Marigol ? C'est toi ?
Des lunettes d'aviateur le fixaient avec insistance. On
aurait dit une mouche aux yeux exorbités. Avec son casque lisse sur
la tête, son épaisse veste à col fourré et son pantalon de golf
bien rentré dans deux solides et hautes bottes marron, l'homme qui
venait de lui poser la question semblait tout droit sorti d'un film
en noir et blanc. Ses deux mains gantées de cuir étaient posées
sur ses hanches dans une attitude d'attente impatiente. Il penchait
son buste vers le jeune garçon et semblait guetter une confirmation
qui ne venait pas. Marigol était tétanisé par cette apparition.
Toute la nuit il s'était tourné et retourné entre ses draps,
incapable de trouver le sommeil. Il avait tout imaginé sauf cette
voix forte sortant de sous la grosse moustache taillée en pointe et
qui se soulevait à chaque mot comme pour mieux les surligner.
- Alors ? Tu as perdu ta langue ?
Marigol avait très envie de lui dire que s'il ne
l'avait pas perdue, elle était depuis belle lurette bien carbonisée
par les punitions à répétition de La Pivert, mais il avait peur
d'être insolent. Aussi, se contenta-t-il de répondre, de murmurer
plutôt, comme à son habitude :
- Oui... c'est moi.