Un petit peu de lecture...

Voilà le début d'un roman qui vient de partir direction nos amis les éditeurs... Son nom ?

 Mon mois d'août

C’est long un mois d’août. Surtout quand on va le passer chez sa grand-mère. Tout seul. Et même si ce n’est pas un mois entier. Même si ce n’est qu’un morceau d’été. C’est long quand même.

Je regarde par la vitre les rails noirs qui filent. Des traits fins et brillants qui s’enfuient sans arriver à disparaître. J’ai l’impression d’être comme eux. En fuite sans pouvoir m’échapper. La vitesse augmente et la sensation s’accroît. Plus ma fuite est rapide, plus elle est impensable. Je ferme les yeux sur cette idée. Comme pour mieux l’apprivoiser.

Les sièges du train ne sont pas confortables, l’odeur du wagon, mélange désagréable de plastique et d’urine, m’étreint les narines. A mes pieds, la masse de mon sac m’écrase les jambes. Face à moi un militaire mange son sandwich. Il est énorme, tout en muscles. Je n’ose pas bouger de peur de le toucher.

Dehors, le paysage semble suffoquer. La végétation qui défile se déforme. Des immeubles, des antennes paraboliques, des façades aveugles, des graffitis alternent dans mon champ de vision. Se confondent dans un mélange informe. J’attends que résonne le nom de la ville où commence mon mois d’août. Ce nom qui m’étonne et m’agace : Cormeilles-en-Parisis. Plus jeune déjà je me disais que ce nom-là était une erreur. Il y avait forcément une faute. Il devait s’agir de Corneilles. Elles, je les connaissais. Elles volaient dans mon ciel auvergnat depuis toujours avec leurs cris stridents et leurs ailes noires. Normal qu’elles soient encore là, au-dessus de ma grand-mère qui avait quitté son Cantal natal pour suivre son second époux. Elle avait laissé sa grande maison de pierres, son cantou et ses terres pour une maison de banlieue. Sans terrain. Sans horizon. Elle était partie en laissant mes parents. Souvent ce sont les jeunes qui montent à Paris. Là, c’était ma grand-mère.

Et maintenant commence l'attente...